Muybridge, L'homme qui court

Muybridge, L'homme qui court

mercredi 29 mai 2013

Synopsis du 2/05/13 - Le Léviathan, ce colosse aux pieds d'argile.

On lit rarement les chapitres 18 à 31 du Léviathan. Une fois institué l'Etat en passant d'un état de nature décrit comme la guerre de tous contre tous (chp.13) à la figure du souverain (chp. 16 et 17), l'autorité de l'Etat semble l'objet d'aucune discussion. Pourtant, à la lecture des chapitres suivants, on s'étonnera des développements de Hobbes sur la liberté des sujets comme un enjeu de pouvoir.
Car en effet, il ne suffit pas d'instituer le Léviathan, encore faut-il veiller à maintenir cet Etat. Justifiant l'emploi du monstre du livre de Job comme titre de son oeuvre (chp. 28), Hobbes le caractérise de deux façons: il est cette puissance telle qu' "il n'y a rien sur terre qui ne lui soit comparable" mais aussi institution du politique tel qu' "il est le roi de tous les enfants de l'orgueil." Aussi faut-il veiller à ce que l'Etat ne s'enorgueillit pas de sa puissance au point d'être aveugle à la volonté de ses sujets de retrouver en toutes circonstances leur liberté naturelle.

Dès lors, certes l'Etat subsume le champ du politique mais ne l'annule pas. Aussi n'y a-t-il pas d'Etat qui ne doit veiller à gouverner les hommes, c'est-à-dire à garder toujours lucidement à l'esprit que le pouvoir légitime auquel l'Etat peut prétendre s'exerce sur des hommes libres, c'est-à-dire désirant. Le corps politique est ainsi sujet à ses maladies qu'il doit savoir guérir comme la tyrannophobie ou peur d'être gouverné avec fermeté qui saisie ceux qui croient qu'ils peuvent toujours et en tout lieu constester l'autorité pourtant légitime de l'Etat.
Ainsi, l'artifice de l'Etat ne doit pas faire oublier l'art de gouverner les hommes, car à s'enorgueillir de la paix, on laisse sourdre sous elle l'abîme toujours ouvert de la guerre.

Synopsis du cours du 16/5/2013 - Hétérodoxie du politique ou l'art de la guerre

La figure de la guerre dans l'oeuvre de Hobbes est pour le moins singulière. Elle est une guerre sans cadavres ni batailles. Il convient donc d'interroger cette notion pour en percevoir le rôle dans l'économie conceptuelle de l'oeuvre de Hobbes.
Car la guerre, de façon générale, est un "caméléon" (expression de Clausewitz dans De la Guerre, I, I, chp1, §28), c'est-à-dire une notion qui peut désigner autant toutes situations conflictuelles allant de la discorde au conflit circonscrit dans l'espace et le temps que le conflit armé usant de violences pour parvenir à détruire ce qu'il considère comme nuisible. Notion ambivalente, la guerre désigne autant le champ d'action du politique qui peut trouver dans le conflit armé une action possible que le champ de la violence qui court jusqu'à la barbarie. Ainsi du soulèvement de Deraa dans la guerre civile syrienne dont on dira qu'il est la traduction  armée d'un conflit politique mais des massacres de Houla, de Al-Koubeir ou de Treimsa dont on dira qu'ils sont le signe d'une barbarie qui n'a plus rien à voir avec le politique.

Dès lors, il convient de remarquer que la guerre est d'abord chez Hobbes la guerre civile, c'est-à-dire ce temps du politique où le pacte social se délite. C'est l'objet de la comparaison avec la menace de l'averse en ce sens où la guerre est relative à une durée, il est ce temps de la défiance de chacun envers tous. On ne s'étonnera donc pas de lire au chp 13 du Léviathan que la guerre de tous contre tous n'a jamais réellement existé. Car la guerre est un certain état du politique où la souveraineté du pouvoir est remise en cause, mais elle n'est violence entre les hommes que de façon circonscrite.
 Ainsi, on peut dire que, chez Hobbes, la guerre est le fondement du politique, c'est dire que le politique s'origine dans la violence des rapports sociaux mais est l'art d'échapper à la guerre. La violence n'est pas absente du politique mais doit cesser d'être l'objet de ce conflit perpétuel de tous contre tous pour trouver sa traduction légitime dans l'institution de la souveraineté.

dimanche 26 mai 2013

Synopsi du cours du 23/05/2013 - Machiavélique ou machiavélien ou qu'est-ce qu'un politique?


L'art de gouverner est, sans vergogne aucune, l'art de dominer. Aussi sulfureuse que puisse être cette définition machiavélienne du politique, elle n'en est pas moins à l'origine d'une seconde tradition républicaine, celle de l'invention de la citoyenneté. Il faut à la lecture de Machiavel, n'avoir ni l'indignation aveuglante de ceux qui ne peuvent supporter le souffre des oeuvres indélicates, ni la naïveté de croire que le politique peut se réduire à des idées et des valeurs. 
Il faut dès lors distinguer entre machiavélisme et machiavélien: est machiavélique, la caricature de l'oeuvre de Machiavel qui ne voit que cynisme et immoralisme dans des préceptes où la fin semble justifier tous les moyens (sentence non-machiavélienne); est machiavélien la juste considération de ce qu'est le politique comme champ d'action et d'exercice du pouvoir. Ainsi du meurtre de Remus par Romulus tel que l'analyse Machiavel dans Le 1er discours sur la Décade de Tite-Live: Certes les faits l'accusent (le meutre de son frère) , mais les effets l'excusent (la fondation de Rome): non pas que la fin justifie a priori n'importe quels moyens, mais a posteriori le moyens employés par Romulus ont pu aboutir à la fin souhaitée. Autrement dit encore, une fois la finalité établie , les circonstances peuvent exiger les moyens les plus divers, y compris la nécessité de faire le mal (punir le sacrilège de Remus).

Ce faisant, le figure du prince chez Machiavel est celle du politique confronté à "ce temps du politique où la république est perçue comme confrontée à sa propre finitude temporelle, comme s'efforçant de rester moralement et politiquement stable dans un flot d'évènements conçus comme détruisant tous les systèmes de stabilité séculière." (définition du moment machiavélien par J.G.A. Pocock). Autrement dit, le politique est ce moment où les stratagèmes du pouvoir sont suffisamment mis à nu pour que le Prince doivent légitimer la domination qu'il exerce sur ses sujets car chacun est à même d'interroger la finalité du pouvoir.
On retrouvera ainsi dans l'oeuvre de Machiavel de multiples figures du pouvoir qui représentant à des degrés divers la grandeur d'homme capable d'être à la hauteur des enjeux du politique: ainsi des Médicis ou de la figure de la confiscation du pouvoir, de Piero Soderini ou l'échec de la bonté en politique, de Jérôme Savonarole ou le prophète désarmé, d'Agathocle de Sicile ou la vanité du tyran, de Castruccio Castracani ou la figure de l'homme fort ou encore de César Borgia ou le prince indépendant.

Au travers de ces formes les plus diverses que peuvent prendre le politique, Machiavel dessine un art de gouverner comme l'art de partager le pouvoir entre celui qui domine et ceux qui sont dominés. Hobbes nommera Etat ou Léviathan comme nous nommerions aujourd'hui citoyenneté, cet art de se soumettre à un seul dès lors que ce souverain est reconnu comme légitime.

Pour prolonger cet effort de lecture de l'oeuvre de Machiavel qui passe outre les caricatures et les indignations aveuglantes, on pourra se reporter à l'émission des Nouveaux Chemins de la connaissance d'Adèle Van Reth avec Jean-Louis Fournel comme invité:

dimanche 21 avril 2013

Thomas Hobbes se lamente de l'affaire Cahuzac


Lien vers les dénégations et les aveux de Cahuzac.

"Paris, voyez-vous, est comme une forêt du Nouveau-Monde, où s'agitent vingt espèces de peuplades sauvages, les Illinois, les Hurons, qui vivent du produit que donnent les différentes chasses sociales; vous êtes un chasseur de millions. pour les prendre, vous usez de pièges, de pipeaux, d'appeaux. (...) Rendons justice à ce sol hospitalier, vous avez affaire à la ville la plus complaisante qui soit dans le monde. Si les fières aristocraties de toutes les capitales de l'Europe refusent d'admettre dans leurs rangs un millionnaire infâme, Paris lui tend les bras, court à ses fêtes, mange ses dîners et trinque avec son infamie."
Balzac, Le père Goriot, discours de Vautrin dans le chp. 3.


"Incidemment, on peut penser qu'il n'y eut jamais un temps comme celui-ci, non plus qu'un semblable état de guerre [ de tous contre tous]. Et je crois que de façon générale, il n'en a jamais été ainsi à travers le monde, mais qu'il y a beaucoup d'endroits où l'on vit ainsi. En effet, chez les sauvages de nombreux endroits de l'Amérique, à l'exception du gouvernement des petites familles, dont la concorde dépend de la lubricité naturelle, il n'y a pas de gouvernement du tout".
Thomas Hobbes, Léviathan, chp13

mercredi 3 avril 2013

La suée
Marche philosophante de l'université Populaire Européenne
9 mai 2013
De Munster au Glasborn en passant par Hohrodberg

RDV à 9h00 en gare de Munster
Repas en commun à la ferme auberge du Glasborn
Retour prévu vers 18h en gare de Munster


Possibilité de loger sur place à mi-chemin (mais départ obligatoire depuis la gare de Munster):



Marche annulée en cas de météorologie jugée trop menaçante.
Inscription libre (merci cependant de m'informer de votre venue).

Hobbes aime Game of Thrones



"Aucune loi ne peut être faite tant que les hommes ne se sont pas entendus sur la personne qui doit la faire"
Hobbes, Léviathan, chp.13